Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast qui s’intitule : « Il y a beaucoup de conflits dans mon couple, est-ce mauvais signe ? »
Je réponds aujourd’hui à une question posée par Charlotte.
D’ailleurs, ce titre reprend exactement les mots de Charlotte.
Remarque très importante :
Je vais être amenée à parler de discussion conflictuelle, un peu tendue ou carrément houleuse. Je tiens à préciser que, tant qu’il y a du respect mutuel, que l’intégrité physique et morale est respectée, pas de souci mais si ce n’est pas le cas, il faut partir et rompre à tout prix. Toute relation n’est pas bonne à vivre.
Dans l’épisode d’hier, nous avons vu quelques raisons de se disputer dans un couple.
Voyons aujourd’hui, ce que signifient les disputes sur la santé du couple et si nous pouvons en faire quelque chose de positif.
Il y a beaucoup de conflits dans mon couple, est-ce mauvais signe ?
Charlotte, avant même de rentrer dans les détails, je veux te répondre très simplement : ce n’est ni grave, ni mauvais signe, qu’il y ait des conflits dans ton couple !
Cependant, tout dépend de ce que tu appelles « conflits » et comment ils se déroulent mais c’est surtout ce que vous en faites tous les deux qui est déterminant.
De quoi parle-t-on quand nous parlons de « conflits » ?
Si tu entends par « conflit » une violente dispute lors de laquelle vous vous criez dessus et vous vous balancez tous les reproches accumulés avec des injures alors oui, il va falloir réfléchir aux raisons de votre si grande opposition.
Mais si ce sont juste des différends qui vous opposent et que vous parvenez à en discuter à peu près calmement alors tout va bien.
Bon, bien sûr, il faudrait tout de même limiter la fréquence et apprendre à gérer autrement. Ce serait mieux !
Le couple est un incubateur/bon entraîneur de développement personnel
Dernièrement, j’ai entendu une entrepreneur coach dire que l’entreprenariat était une bonne école de développement personnel qui obligeait à aller en profondeur en soi.
Je me suis demandé si c’était le cas aussi pour le couple : notre partenaire de vie est-il un bon « entraîneur » c’est-à-dire une personne qui appuie juste un peu là où l’on a des blessures pour nous permettre d’en prendre conscience puis nous aider à les dépasser pour grandir ?
J’ai cherché et j’ai découvert le livre « La magie relationnelle » de Guy Finley et c’est exactement sa thèse.
L’auteur affirme même que la gestion des conflits dans le couple peut devenir une très belle occasion d’apprentissage de ce qu’il nomme l’« amour sans limite ».
Constat
On ne va pas se mentir, être heureux et parfaitement épanoui.e en couple n’est pas chose facile.
On forme un couple ok mais on a des valeurs, des principes, des besoins, des envies, des points de vue divergents…
Souvent, le fonctionnement du couple oscille entre deux possibilités :
# 1 Taire les différends pour éviter les disputes.
Stratégie intéressante sur le court terme car il n’y a pas de conflit explicite et visible.
Mais cela aboutit souvent au ressentiment intériorisé, aux griefs qui s’accumulent et au mépris qui éloigne les partenaires au fil du temps.
C’est le risque sur le long terme.
#2 Assumer les différends en provoquant des discussions houleuses voire des conflits virulents qui, la plupart du temps, aboutissent à une impasse, sans changement notable.
Les altercations se répètent alors assez régulièrement, souvent sur les mêmes sujets, ce qui érode le sentiment amoureux.
On finit par être épuisé par les disputes, par les propos qui sont vainement échangés et qui parfois prennent des accents de joutes verbales.
C’est usant.
Alors que faire pour éviter ses deux écueils ?
En effet, sauf exception, il semble bien que pour « réussir son couple », il faut le vouloir et agir dans ce sens.
L’amour paraît en constante évolution et cela demande de l’attention.
On ne peut pas simplement laisser aller et voir venir.
Comment éviter l’érosion de l’amour ?
Du coup, les partenaires sont chacun coincés entre 2 voies aussi nuisibles l’une que l’autre :
- Chercher à combler ses propres désirs (et à les faire combler par le partenaire) en les exprimant parfois maladroitement ou sous forme d’exigences.
ou
- Les taire pour la « paix » du couple au prix d’un ressentiment et d’un malaise grandissant.
L’idée de Guy Finley, dans son ouvrage « La magie relationnelle » est qu’il existe une 3ème voie : utiliser les différences pour évoluer ensemble et pour renouveler l’amour.
Tout ce qui pourrait être à l’origine d’une dispute est vu comme un « outil » pour aller plus loin ensemble.
Dr Laura Markham qui a écrit la préface du livre affirme :
« L’amour n’est pas un sentiment qu’on éprouve ou non mais plutôt un choix qu’on fait à chaque minute. »
D’après elle, il faut :
« renouveler votre relation en éloignant le ressentiment stagnant et en ranimant votre passion ».
L’amour permet de « dissoudre les vieux comportements qui constituent pour nous une limite. »
Comment faire de l’amour un choix heureux ?
Nous entrons dans nos relations avec nos peurs venues de notre passé amoureux mais aussi de notre passé familial.
Pourtant n’est-il pas de notre responsabilité de nous demander si nous laissons nos peurs nous guider dans nos choix de vie ou si nous voulons les dépasser pour atteindre un niveau supérieur de croissance et effectuer des choix plus alignés ?
C’est pour cela que j’aime parler de choix.
Nous pouvons faire le choix de progresser sur notre chemin personnel de développement afin de ne pas laisser notre passé interférer dans la relation.
Oui, je pense sincèrement que l’on peut faire le choix de faire en sorte que le couple dans lequel nous sommes soit une relation heureuse dans laquelle chacun va pouvoir s’épanouir et être lui sans prendre l’ascendant sur l’autre.
On peut faire le choix de vivre les différends autrement qu’en étant en conflit.
Pourquoi entrons-nous en conflit malgré l’amour entre nous ?
Il est rare que, à la longue, nos relations soient à la hauteur de nos attentes.
Du coup, « c’est le partenaire qui se voit inévitablement accusé. » Finley
Ce qui nous fâche chez l’autre, c’est qu’il n’a pas été à la hauteur de nos attentes, de ce qu’on lui a attribué comme responsabilité, de ce que l’on pense qu’il doit faire pour nous.
Alors le problème est-il l’autre ou les exigences que nous avons envers lui ?
L’autre n’est pas responsable de ce que l’on ressent !
Du coup, quand nous faisons un reproche à l’autre, nous devons d’abord regarder en nous.
Les conflits sont l’expression de la souffrance que chacun porte en soi.
Ils dépendent aussi beaucoup des exigences que nous avons envers l’autre et donc de notre définition de ce qu’est un couple.
Y avez-vous réfléchi d’ailleurs ?
C’est quoi faire couple pour vous ?
Selon vous, que se « doivent » les partenaires d’une relation amoureuse ?
En avez-vous discuté avec votre conjoint ?
Avez-vous parlé de vos attentes à l’autres ?
Et pourquoi avez-vous ces attentes ?
Qu’est-ce qui nous plait dans l’amour et dans le couple ?
Ce que l’on apprécie en fait au contact de l’autre, c’est comment nous nous sentons, comment nous nous voyons : « J’aime celui/celle que je suis en ta présence », je me sens meilleur.e, davantage moi-même, épanouie et j’espère que tu te sens de même à mon contact.
L’amour nous permet d’aller plus loin dans la connaissance de qui nous sommes et de prendre conscience de nos limites pour les dépasser.
L’amour est une possibilité de croissance et d’ouverture à des parts de nous-même que nous ne connaissons pas encore.
« L’amour envers notre partenaire devient le catalyseur de notre propre croissance pour devenir de meilleurs êtres humains et pour faire naître la relation dont nous rêvons ».
Dr Laura Markham
Partons du principe que ce n’est pas pour rien que nous avons rencontré ce partenaire-là et pas un autre, considérons que c’est pour notre bien, pour notre évolution, pour apprendre une « leçon », pour évoluer au niveau supérieur.
Alors cela signifie que chaque discussion tendue et un peu houleuse est une occasion de comprendre quelque chose de nouveau et de profond sur nous-mêmes.
L’idée principale du livre est que l’amour entre deux personnes révèlent à chacune des parts d’elle-même qu’elle n’aurait jamais vues sans l’autre et cela leur permet d’évoluer vers un état spirituel plus élevé.
Alors du coup, comment mieux gérer les conflits ?
Le but n’est pas de les éviter à tout prix en taisant vos besoins et en acceptant tout de la part de votre partenaire.
Le but est de faire en sorte que vos discussions d’opposition soient saines et constructives.
Du coup, il y a des incontournables :
- le respect de l’autre et de son intégrité
- le lexique approprié
- la présence à l’autre (on ne s’en va pas en claquant la porte et on ne refuse pas la discussion si elle se fait sur un mode respectueux).
Le plus important est de bien gérer la fin du conflit : une solution doit être trouvée.
Ou alors, dans le cas contraire, la volonté de rediscuter plus tard doit être contractuelle.
Vous devez donc être l’un comme l’autre en mode « solution » et non rester en mode « problème ».
Il ne s’agit pas de créer le conflit et d’y prendre du plaisir, ni de tourner en boucle sur le même problème sans apporter de solution, ni en chercher.
Comment utiliser les conflits pour grandir ensemble ?
Porter un regard nouveau
Il nous faut apprendre à regarder avec un œil nouveau, un œil plus distancié qui prend en compte les deux points de vue opposés.
« Quand on se trouve en plein cœur d’une dispute, tout ce qui nous vient à l’esprit, c’est de reprocher à l’autre notre souffrance. Cet aveuglement ne fait pas que nous dresser l’un contre l’autre, mais il nous oppose, empêchant toute prise de conscience d’une vérité simple qui une fois comprise, provoque un changement profond en nous, c’est-à-dire que dans toute querelle avec un être aimé, on n’est pas le/la seule à souffrir ; c’est aussi le cas pour l’autre. »
Guy Finley
Se mettre en mode solution tourné vers le futur
Concentrez-vous à produire le nouveau lien plutôt que de rester focaliser sur le passé.
Se contrôler et prendre l’initiative du changement
Nous devons tout d’abord bien comprendre qu’« Une relation ne se renouvelle que si on se renouvelle soi-même ».
Nous devons donc d’abord changer en premier !
Dès que l’on sent l’envie de faire un reproche, on éloigne celui ou celle en nous qui veut parler.
Notre partenaire n’a pas à payer le prix de ce que nous pensons.
On se retient car la relation est supérieure à notre envie de « monter sur la montagne ».
Ne répondez pas aux propos difficiles de votre partenaire par des propos méchants.
Prendre l’avion
« La souffrance inconsciente qui nous pousse à reproduire un comportement indésirable avec notre partenaire n’est pas ce que l’on croit. Ce n’est pas la preuve d’une différence irréconciliable entre les deux, mais plutôt celle de l’existence de quelque chose que nous avons en commun. »
Guy Finley
Nous pouvons donc faire preuve d’une conscience supérieure.
C’est ce que je vais nommer « prendre l’avion » pour regarder la situation en étant distancié.
Guy Finley nous propose de réfléchir à cette question : « Pourquoi ma souffrance est-elle plus importante que la sienne ? »
Quand on aime quelqu’un, on ne souhaite pas qu’il/elle souffre.
Alors pourquoi se disputer ?
C’est pousser le couple à l’échec et franchement « Quelle différence cela fait-il de savoir qui tient la barre du bateau si on se dirige droit sur des chutes ? »
Accepter et accueillir ce travail sur soi
Ne cherchons pas alors à nous opposer à l’expression d’une souffrance chez l’autre car c’est là pour nous faire travailler notre propre souffrance.
Nos relations, particulièrement amoureuses, sont en quelque sorte un « miroir magique ». C’est une « invitation à renoncer à ce que nous avons été et, en même temps, à mûrir, en compagnie de notre partenaire, dans un amour nouveau, vrai et beau. »
Guy Finley
Il y a beaucoup de conflits dans mon couple, est-ce mauvais signe ? Bilan
Il y a toujours trop de conflits, n’est-ce pas ?
Quelle que soit notre réconciliation, à l’issue d’une dispute, même plus ou moins résolue, il reste une rancœur et ce n’est pas bon pour le couple sur le long terme.
Ceci dit, il faut bien admettre que parfois les oppositions sont constructives et les différends permettent d’échanger et de mieux se comprendre.
Le tout est de ne pas souffrir de ces conflits et de les gérer du mieux que l’on peut.
Il peut aussi être bénéfique de créer un espace dans notre quotidien pour discuter davantage et ainsi crever les abcès avant que le conflit ne survienne.
Rappelez-vous que :
« Dans le couple, nous sommes l’autre moitié de la joie que nous partageons tout aussi bien que de la souffrance que nous éprouvons ensemble. »
J’aime à dire qu’il faut être deux pour réussir son couple, il faut aussi être deux pour le rater.
Du coup, peu importe qui a commencé ou quelle est la raison de la dispute, il faut la faire cesser le plus vite possible pour engager une discussion qui sera alors un espace d’évolution et d’épanouissement pour les deux.
