Bienvenue dans cet épisode du podcast qui s’intitule aujourd’hui : « Se langager : comment déjouer les bloqueurs de communication ? »

Je suis en train de lire Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour nos jeunes ?  publié par Thomas d’Ansembourg et voici ce qu’il écrit :

« Observez notamment les couples et les familles autour de vous : combien de jugements, critiques, reproches, remarques ou mimiques sarcastiques, vocabulaire humiliant, haussement de ton, quand ce ne sont pas des cris ! Elevés dans l’agressivité et les rapports de force, nous perpétuons les climats belliqueux que nous avons connus ».

Cette phrase m’a interpelée parce que j’ai reconnu certains fonctionnements automatiques que je peux avoir moi-même (parfois même contre moi !) et que je reconnais aussi chez certaines personnes autour de moi.

Pourtant, la communication et le fait de « se langager » m’intéressent à tel point que j’y ai consacré déjà plusieurs épisodes.

Seulement voilà, savoir ne suffit pas : il faut surtout pratiquer !

Et justement, en pratique, nous avons beau avoir les meilleures intentions du monde, il existe des « bloqueurs de communication » qui influencent négativement la réception de nos messages ou provoquent chez nous des réactions qui suspendent la fluidité de la conversation et peuvent même créer de la friction ou du conflit. 

👉 L’objectif de cet épisode est de vous alerter sur ces habitudes langagières néfastes et de vous montrer comment déjouer les bloqueurs de communication pour désamorcer la tension.

C’est pourquoi il va y avoir de nombreux exemples de phrases qui sont des obstacles à la discussion et des réponses possibles pour déjouer les bloqueurs de communications.

Ce dont j’ai envie, c’est que nous puissions nous dire à l’instar de Marshall Rosenberg (fondateur de la Communication NonViolente) :

« Ce que vous allez dire maintenant va changer le monde » !

Si déjà, nous changeons notre monde intérieur, nos relations et notre bien-être, ce sera déjà un premier pas épanouissant !

Bon langagement !

Déjouer les bloqueurs de communication : les « 4 cavaliers de l’apocalypse »

John Gottman est un thérapeute américain qui a étudié pendant plusieurs années des couples en difficulté.

Selon lui, il y a quatre bloqueurs de communication néfastes en couple : il les a nommés « les 4 cavaliers de l’apocalypse ».

Les critiques

La critique est malsaine surtout quand elle est associée à une généralisation et à l’utilisation du « tu » (le fameux « tu qui tue » que j’avais déjà cité dans cet épisode : L’incroyable pouvoir de l’énergie des mots !).

• « Tu ne m’écoutes jamais ! »
• « Avec toi, cela finit toujours ainsi ! »
• « Tu le fais exprès ou quoi ! »

C’est une attaque directe qui ne peut que placer l’autre en situation de défense ou de contre-attaque ce qui dégénère souvent en conflit.

Comment réagir ?

✅ Le mieux est de questionner votre partenaire pour lui faire comprendre (sans le lui dire explicitement) qu’il est en train d’exagérer et de généraliser.

• « Comment peux-tu être sûr que je le fais exprès ? »
• « Que veux-tu dire par « cela finit toujours ainsi » ?
• « De quoi aurais-tu besoin afin de ne plus avoir ce ressenti ? »

✅ On peut aussi lui demander des détails pour bien comprendre :

• « Donne-moi un exemple de moment précis où je ne t’ai pas écouté. »
• « Décris-moi ce que tu penses que je fais exprès. »

✅ Pensez bien à utiliser la 1^ère personne du singulier et non le « tu » et évitez toute généralisation.

Ne dites pas « tu ne m’écoutes jamais » mais plutôt « En ce moment, dans cette conversation, je ne me sens pas écouté ni comprise. »

✅ Formulez vos demandes en positif : dites ce que vous voulez et non ce que vous ne voulez plus.

Le mépris

Le mépris est le fait de considérer l’autre personne comme indigne d’attention.

Du coup, la personne méprisante se place dans une position de supériorité morale.

Il faut faire attention car il peut y avoir beaucoup de formes de dénigrement méprisant : ironie, sarcasme, moquerie, soupir, yeux au ciel et même certaines expressions faciales…

⚠ Selon John Gottman, l’attitude méprisante de la part d’au moins un des partenaires est le plus prédicteur des divorces.

• « Laisse-moi faire, va, il vaut mieux sinon il va y avoir encore un problème ! »
• « Tu recommences avec ça, le résultat de la dernière fois ne t’a pas suffi ? »

Que faire ?

✅ Le mieux pour désamorcer la situation (et même si cela fait mal et que c’est difficile à entendre) est de faire comme si l’on n’avait pas compris le mépris derrière la remarque.

• « Que veux-tu me faire comprendre exactement avec cette remarque ? »
• « Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

✅ Focalisez-vous sur ce que vous appréciez chez l’autre et valorisez-le.

Pour éviter le mépris, il faut développer des habitudes de gratitudes mutuelles et de respect l’un pour l’autre.

✅ Avant chaque discussion, connectez-vous à votre intention : faire gagner le couple et non avoir raison à tout prix.

La contre-attaque

Un interlocuteur contre-attaque en attaquant à son tour en rendant responsable l’autre du problème soulevé.

C’est une stratégie d’auto-protection qui consiste à s’indigner et à se victimiser.

• « À qui la faute à ton avis si je suis énervé ? »
• « Et voilà c’est reparti : faut toujours que tu exagères tout ! »
• « Qu’est-ce que j’ai encore fait selon toi ? Cela va encore être de ma faute ! »

Cela provoque souvent une escalade des critiques.

Il faut donc éviter à tout prix de tomber dans ce piège en ne répondant pas à la critique par une autre critique.

Que faire face à des propos de contre-attaque ?

✅ Attention : si une personne contre-attaque, c’est qu’elle s’est sentie attaquée ou critiquée.

Du coup, même si ce n’était pas votre intention, demandez-vous d’abord ce qui dans vos propos ou votre attitude a pu provoquer ce ressenti.

✅ Sinon interrogez votre partenaire :

• « Je sens que je t’ai blessé, pourtant ce n’était pas mon intention. Pour m’aider à ne plus le refaire, peux-tu me ce qui, dans mes paroles ou mon attitude, a provoqué cette réaction ? »

✅ Pour éviter d’être vous-même dans la contre-attaque, prenez l’habitude de débuter vos répliques par « Oui, c’est possible cependant… » ou « je te comprends cependant… ».

Cette technique peut ouvrir la voie à un compromis acceptable par les deux.

L’évitement           

L’évitement permet à l’interlocuteur de fuir la conversation qui le met mal à l’aise.

Il se retire de la conversation physiquement (Il s’en va) ou seulement verbalement (Il ne répond plus).

Quelle attitude adoptée en retour ?

✅ Pour faire face à cette attitude, il faut éviter de critiquer cette mise en retrait mais en même temps, montrer que l’on a compris le phénomène.

Vous pouvez d’ailleurs reconnaître dans vos propos le stress que représente une confrontation.

Évitez de manifester votre exaspération ou votre frustration.

✅ Le mieux est de proposer une pause de quelques minutes à plusieurs jours selon les circonstances pendant laquelle il vous faudra éviter de ruminer ce qui vient de se dérouler.

• « Je sens que l’émotion est forte dans cette conversation : que penses-tu d’arrêter pendant quelques minutes et de reprendre plus tard ? »
• « Je comprends que cette conversation te gêne mais je pense qu’il vaudrait mieux que nous l’ayons quand même quand tu te sentiras prêt. »
• « J’accepte que cette conversation n’ait pas lieu aujourd’hui mais je crois important pour notre relation de la reprogrammer après quelques temps, qu’en penses-tu ? »

Identifier ces « 4 cavaliers de l’apocalypse », déjouer les bloqueurs de communication et savoir y répondre est un premier pas vers des relations plus paisibles.

Mais ce ne sont pas les seuls bloqueurs de communication ! 😕

Voici à présent une autre façon de ranger ces bloqueurs de communication : les attitudes défensives avec, bien sûr, des réponses possibles pour les contrer.

Déjouer les bloqueurs de communication : les 4 attitudes défensives

Attitude défensive condescendance

Cette attitude mêle à la fois le fait d’accepter la conversation par « bienveillance » mais en faisant comprendre à l’autre son mépris et son dédain.

La personne condescendante accepte le dialogue mais en soulignant, avec un ton supérieur et assez arrogant, qu’il s’agit d’une sorte de faveur :

• « Ok on en parle mais pas pendant des heures, hein ! »
• « Il faut encore parler de ça. Ok, si tu insistes ! »

Comment accuser réception et poursuivre la conversation ?

✅ Il n’est jamais facile de recevoir ce type de réplique mais le mieux est de faire comme si l’on n’avait pas saisi le mépris derrière les propos (sans se laisser faire tout de même).

Voici quelques propositions de réponses :

• « Je te remercie d’accepter d’en discuter. Cela va très certainement être positif pour notre relation. »
• « Oui, j’insiste un peu car je pense que c’est important pour notre bien-être en couple. »

Attitude défensive abrupte

Cette attitude vise à clore la conversation.

C’est une fin de non-recevoir à la demande de discussion.

• « Arrête de te torturer avec ça ! Ça ne sert à rien ! »
• « Ah non, par pitié, pas encore ce sujet ! »
• « Tu ne vas pas revenir là-dessus ! »

Que pouvez-vous répondre ?

✅ Il va falloir la jouer finement pour déjouer ce bloqueur de communication puisque ce que vous souhaitez, c’est que la conversation ait finalement lieu.

• « Je comprends tout à fait que ce ne soit pas le bon moment pour toi tout de suite. Pourrions-nous en discuter un peu plus tard quand tu auras davantage de temps ? »
• « Je sais bien que nous avons déjà abordé ce thème mais pas tout à fait sous cet angle-là. C’est pourquoi je pense qu’il est important pour nous d’approfondir la conversation. »

Attitude défensive secrète

Cette attitude permet à la personne de répondre mais sans rien dire de ce qu’elle pense vraiment.

• « Quand j’entends ça, je préfère encore me taire ! »
• « Là franchement, je ne sais plus quoi te dire ! »

Que dire ?

✅ Le plus important est de ne pas accuser l’autre d’être évasif ou de ne pas répondre clairement.

✅ En lui posant des questions qui reprenne ses propos, vous allez l’encourager à développer sa pensée donc à vous répondre ! 😊

• « Qu’est-ce qui, dans ce que je viens de dire, te donne envie de te taire ? »
• « Sur quel sujet tu ne sais plus quoi dire ? »
• « Qu’est-ce qui fait que tu ne sais plus quoi dire ? »

Remarque importante : évitez le mot « pourquoi » qui, sans en avoir l’air, résonne comme un reproche. Préférez à la place l’expression interrogative « qu’est-ce qui fait que… ».

Attitude défensive évasive

La personne botte en touche en renvoyant à plus tard sans plus de précision la conversation qu’elle feint d’accepter.

• « Tu veux bien qu’on en reparle une autre fois parce que là, vraiment, pfff… »
• « Je sais même plus si j’ai des trucs à te répondre… »

Quelle attitude adopter ?

✅ Pour obtenir tout de même ce que vous souhaitez, le mieux est d’accuser réception du propos et de proposer un autre moment.

• « Je veux bien que l’on en reparle à un autre moment aujourd’hui ou dans quelques jours. C’est important pour nous. Dis-moi quand ce sera possible pour toi. »
• « Je trouve qu’il est toujours intéressant d’échanger avec toi. J’aimerais beaucoup connaître ton point de vue. »

Déjouer les bloqueurs de communication et mieux traverser les conflits

Rappel important : Le conflit représente une source de croissance de la relation et de meilleure compréhension mutuelle : il ne faut donc surtout pas chercher à l’éliminer ou à l’éviter mais plutôt à le vivre de façon constructive.

D’ailleurs, ce n’est pas le nombre de conflits entre deux amoureux qui les poussent à se séparer mais plutôt la manière de vivre les discussions conflictuelles.

En revanche, pour vivre les conflits de façon constructive, il vaut mieux ne pas se disputer, ne pas crier et ne pas utiliser les bloqueurs de communications.

Voilà pourquoi il est si important de les connaître afin de ne pas les utiliser soi-même et de les repérer chez l’autre pour les contourner.

Cela demande une prise de recul sur les conversations mais c’est salutaire pour ne pas entrer dans le cercle vicieux de la violence verbale et émotionnelle. 

Ce travail sur les bloqueurs de communication permet de développer une relation amoureuse plus saine.

Cependant, communiquer sans utiliser ces bloqueurs de communication peut prendre du temps car savoir ne suffit pas, il faut expérimenter donc cela demande de l’entraînement et de la bienveillance envers soi-même et son partenaire car il y aura sans doute des ratés.

C’est par l’erreur que nous progressons le mieux !

Gardez bien en tête que le but de la conversation est d’aboutir à une entente à double gagnant. ✨

À vous de jouer !

Pour aller plus loin, voici un autre épisode qui devrait vous plaire : Pratiquer une communication efficace en couple !