Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast. Il s’intitule aujourd’hui : « Le rôle du sauveur : laisse tomber ce masque ! ».
Il s’agit de la suite et fin des deux épisodes précédents :
Jouer la victime en amour : c’est fini !
Arrête de jouer le bourreau dans ta relation amoureuse !
Nous allons aujourd’hui aborder le dernier rôle du triangle dramatique de Karpman : le sauveur.
J’attire votre attention dès cette introduction sur le fait que l’on peut facilement avoir tendance à entrer dans ce rôle avec son compagnon quand on est la personne qui cherche à améliorer la relation de couple.
Je m’explique.
Si vous écoutez ce podcast (ou si vous lisez les retranscriptions sur le blog), c’est que vous avez à cœur de réussir votre couple.
Vous cherchez à vous former pour connaître des méthodes à appliquer dans votre quotidien pour (re)mettre des paillettes dans votre relation comme j’aime à le dire sur les réseaux.
Il est tentant de faire des remarques désobligeantes à votre partenaire s’il refuse d’appliquer vos conseils ou met du temps à s’adapter à vos demandes…
Ce n’est pas parce que vous travaillez votre développement personnel que vous allez « sauver » les autres.
N’ayez pas de propos ou d’attitudes qui pourraient signifier à votre partenaire que vous faites mieux que lui en matière de relation amoureuse.
Ce serait très préjudiciable pour votre lien d’attachement.
N’oubliez jamais :
On ne donne pas de conseils non sollicités.
D’ailleurs, j’ai envie de vous dire « on ne donne jamais de conseils » tout court.
Il est en effet préférable d’utiliser les questions ouvertes sans jugement pour faire réfléchir l’autre aux solutions qui sont importantes pour lui.
Vous n’êtes pas là pour sauver l’autre ou même la relation mais pour mettre en adéquation votre attitude et vos propos à vos valeurs, vos besoins et vos désirs et vous positionner en « mode solution ».
L’autre n’a pas de « problème » à résoudre ; il a un fonctionnement différent du vôtre.
Vous n’êtes donc pas le « sauveur » mais le co-créateur du couple !
Que fait la personne qui joue le rôle du sauveur ?
Le sauveur veut tout faire pour que son partenaire aille mieux.
Il propose son aide et donne des conseils ou partage son expérience.
Le rôle de sauveur lui donne l’impression d’être important car il veut être considéré et se sentir utile.
Il en a besoin pour se donner de la valeur et donc pour garder son estime de lui.
Quel est le problème du rôle du sauveur ?
Le sauveur donne des conseils non sollicités car il croit mieux savoir que les autres.
En plus, il peut s’offusquer si l’on n’écoute pas ses conseils.
En agissant ainsi, il enlève le pouvoir de la victime à se sortir seule de ses difficultés. Il infantilise l’autre.
De plus, il oublie ses propres besoins en se mettant au service de l’autre.
Comment arrêter de jouer le rôle du sauveur ?
Une prise de conscience compliquée
C’est sans doute le rôle dont il est le plus difficile de sortir car il est connoté positivement.
La personne qui est dans le rôle du sauveur pense bien faire et c’est un rôle valorisé par la société.
Au contraire, le persécuteur est mal vu et la victime est poussée à sortir de son état.
Le sauveur ne voit pas où est le mal dans son comportement car ses intentions sont bonnes.
Il n’a pas l’impression de mal agir.
Les actions à mettre en place
A minima : penser à toujours demander si l’autre a besoin d’aide et désire des conseils.
Je rappelle que le mieux est encore de ne pas donner de conseils mais de jouer plutôt au coach en passant par des questions pour aider l’autre à trouver ses propres réponses.
Le top du top étant de seulement proposer une écoute bienveillante et active en reformulant ce qui vient d’être dit et en demandant si on a bien compris puis en demandant des compléments.
- Tu veux dire quoi exactement quand tu dis « … » ?
- Explique-moi ce que tu veux dire ?
- Donne-moi un exemple.
Cela permet à votre interlocuteur de faire le chemin lui-même.
Nous verrons tout à l’heure comment faire pour ne pas entrer dans le jeu du sauveur mais, pour l’instant, j’aimerais faire un bilan sur le triangle de Karpman.
Bilan sur le triangle de Karpman
Un jeu dangereux…
Le triangle de Karpman est un outil intéressant pour comprendre certaines interactions déséquilibrées au sein du couple.
En effet, il met en évidence un scénario relationnel typique qui constitue un jeu psychologique avec 3 positions : la victime, le persécuteur et le sauveur.
Une personne en utilisant un des rôles pousse l’autre à jouer le rôle complémentaire : c’est un procédé de manipulation souvent inconscient.
Cela provoque une relation déséquilibrée et souvent un conflit car les protagonistes évitent ainsi d’exprimer leurs vraies émotions et leurs besoins réels.
Auquel nous jouons tous
Nous jouons tous à un moment donné un des rôles.
Pour quelles raisons jouons-nous ces rôles ?
Cela répond à nos besoins psychologiques et à nos désirs non exprimés.
Ces jeux renforcent nos croyances sur nous-mêmes, les autres et le monde.
Cela nous permet d’éviter de parler du « vrai problème » et de nos sentiments authentiques.
C’est donc plus facile de jouer ce jeu plutôt que d’assumer nos émotions et nos besoins et surtout de devoir les exprimer.
Chacun des rôles a du bon et du moins bon.
Le sauveur veut aider. Le bourreau veut cadrer et faire avancer les choses de façon rigoureuse. La victime veut montrer au bourreau les conséquences de ses actes.
La victime attire l’attention sur elle. Elle a besoin d’un persécuteur pour justifier son rôle ou d’un sauveur qui s’occupe d’elle.
Le sauveur est un rôle positif, gratifiant mais cela place la victime en incapacité de se sortir elle-même de ses difficultés et donc cela la maintient en situation de dépendance.
Le rôle du sauveur lui permet de s’occuper avec les problèmes des autres et il met sous le tapis les siens !
Le persécuteur veut contrôler et critiquer de façon autoritaire.
On le constate, il y a des bénéfices cachés pour chacun des rôles :
- La victime : « on s’occupe de moi donc je suis important »
- Le sauveur : « je suis indispensable donc je suis important »
- Le bourreau : « tu me respectes donc je suis important »
Mais dont nous devons sortir
Ceci dit, il faut tenter au maximum de prendre conscience de ces rôles et en sortir pour mettre en place une relation amoureuse saine.
Que faire quand on se rend compte que l’on joue un rôle ?
Dans tous les cas, il faut approfondir les raisons qui nous poussent à jouer tel ou tel rôle car tous les rôles sont la conséquence d’une part de nous non assumée.
- Quel est mon besoin ?
- Qu’est-ce que je défends en moi ?
- De quoi ai-je peur ?
- À quoi me sert ce rôle ?
- Qu’est-ce que je cherche à obtenir ?
Comment refuser de rentrer dans le triangle ?
Voyons à présent comment réagir quand on se rend compte que l’autre joue un rôle et cherche à nous entraîner dans le triangle.
Réagir face à un sauveteur
On peut remercier pour l’aide apportée mais recadrer en précisant les réels besoins ou en demandant pour une prochaine fois à n’apporter de l’aide que si nous le demandons.
« Je te remercie pour ta proposition mais je préfère gérer seul.e et trouver des solutions qui me correspondent vraiment. Je souhaiterais que la prochaine fois, tu attendes que je te demande de l’aide pour réagir. Merci beaucoup en tout cas, cela part d’un bon sentiment ! »
Réagir face à une victime
On peut adopter une stratégie qui permet de reconnaître les problèmes de la victime sans entrer dans le rôle du sauveur en lui posant des questions pour qu’elle trouve une solution elle-même.
« Je comprends que ta situation est délicate en ce moment et je crois qu’il est d’abord important de bien comprendre ce qui se passe. Dis m’en davantage pour que je comprenne bien. »
« Qu’est-ce qui est en ton pouvoir pour agir ? »
« Qu’est-ce qui te pose le plus problème ? Qu’est-ce qui est important pour toi ? Raconte-moi.»
Il est possible aussi que l’on ne veuille pas rester à écouter l’histoire de l’autre.
« Je comprends très bien que la situation est difficile pour toi en ce moment et je pense que le mieux est de demander de l’aide à un professionnel. »
Réagir face à un bourreau
Face à un persécuteur, il faut être ferme et exiger des clarifications sur les responsabilités de chacun.
On peut exiger que soit mis en place un contrat ou des règles du jeu très claires.
« Je tiens à ce que l’on discute de ce que tu viens de dire. C’est ton point de vue mais ce n’est pas le mien. »
« J’aimerais que tu m’expliques plus clairement ce que tu attends comme lien entre nous. Ainsi, nous pourrions en discuter et trouver un compromis juste pour les deux. »
Sortir du rôle que l’on joue
Selon Eric Berne, ce triangle dramatique repose sur 4 croyances qui nous poussent à prendre un rôle :
1- « J’ai le pouvoir de rendre les autres heureux » (sauveur recherchant une victime)
2- « Les autres ont le pouvoir de me rendre heureux » (victime recherchant un sauveur)
3- « J’ai le pouvoir de rendre les autres malheureux » (persécuteur recherchant une victime)
4-« Les autres ont le pouvoir de me rendre malheureux » (victime attendant un persécuteur)
Connaître et exprimer ses besoins
Pour sortir du rôle que l’on joue en règle générale, la première action est d’apprendre à repérer puis à formuler ses besoins aux autres.
En effet, la victime cherche un sauveur pour gérer ses besoins et le sauveur évite de s’occuper des siens en se focalisant sur ceux des autres.
Le persécuteur assume mal son besoin d’autorité et de puissance ou s’occupe trop de ses besoins au détriment de ceux des autres.
Le but est de devenir autonome et de s’occuper de ses propres besoins sans chercher auprès de quelqu’un d’autre.
Puis, il faut prendre en compte les besoins mutuels afin de vivre un duo équilibré et authentique.
Prendre conscience du rôle que l’on joue
Prendre conscience qu’il s’agit d’un rôle qui nous est préjudiciable (à soi et à l’autre) permet de quitter le rôle.
Le sauveur peut alors devenir soutenant et aidant c’est-à-dire plutôt un coach qui par ses questions accompagne l’autre à découvrir ses solutions ; la victime peut demander de l’aide et/ou créer ses solutions et le persécuteur peut devenir un entraîneur qui booste.
Mise en garde importante
Attention de ne pas tomber dans l’utilisation erronée de ce modèle. Par exemple, si quelqu’un se noie, il est victime. Si un autre vient l’aider, il est le sauveteur. Et l’eau est-elle la persécutrice ?
Évidemment, le modèle ne s’applique pas en situation d’urgence ou de maladie.
Le modèle s’appuie sur des choix inadaptés par rapport à la situation relationnelle de base (amicale, amoureuse, familiale, quotidienne et professionnelle).
Sauver une victime de noyade est adapté à la situation !
Ce qu’il faut retenir
Le triangle de Karpman est un jeu psychologique avec trois rôles.
Il est facile de tomber dans un des rôles mais cela nous est préjudiciable, à nous mais aussi aux autres.
Par conséquent, il est de notre responsabilité de ne pas entrer dans un rôle ou du moins de sortir du rôle que nous jouons dès que nous en rendons compte.
Hello Sara,
En effets, les conseils non sollicités, en couple ou pas, c’est juste HORRIBLE !
Pour revenir sur les manières de faire, un exemple :
Quand tu ranges les couverts sales dans le lave-vaisselle, les fourchettes avec les fourchettes, les couteaux avec les couteaux etc… parce que tu sais que quand c’est propre, ça va bcp plus vite à ranger !
Tu as beau expliqué 20 fois la raison à ton / ta partenaire, qui « balance » les couverts dans le panier à couverts comme si il/elle était entrain de semer des graines dans les champs, d’un geste de la main, tu vas immanquablement vers une prise de tête ou une engueulade.
Je ne vois que 3 solutions :
1: Lui laisser gérer la tâche du lave vaisselle et ne plus y mettre les mains
2 : Faire à sa manière, même si ça va à l’encontre de notre bon sens
3 : Fuir…
a+
Benoit
Merci pour ce commentaire et l’exemple du lave-vaisselle.
Je crois qu’une des solutions est de continuer à faire comme nous le souhaitons quand nous nous occupons du lave-vaisselle. Avec mon fils ado, je remplis le lave-vaisselle et c’est lui qui le vide. C’est une autre solution. Il ne faut pas oublier non plus de « choisir ses batailles » : est-ce si important pour nous d’imposer notre « bon sens » ?